Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Société
8 avril 2016

L’opposition a-t-elle cédé la partie ?

 

L’opposition a-t-elle cédé la partie ?

 Opp_0

 Hésitations. Le report de la fameuse réunion au sommet, baptisée «Mazafran II» des  partis engagés dans l’instance de suivi  et de coordination (ISCO) de  la CLTD à la fin du mois de mars prochain, ne dissimule-t-il pas,  une certaine incapacité de ce pan de l’opposition à assurer le minimum ? 

Surtout en cette période où tous les clignotants sont au rouge, ce qui exige d’elle d’être présente aux côtés des populations. Un non-sens, voire une fuite de responsabilité, selon certaines voix, puisque cette même opposition qui soutient détenir une alternative au pouvoir en place qui, certes est acculé, mais reste imperturbable et tient la corde des deux bouts, peine à exister. Celle-ci se contente de réunions organiques pour ressasser les mêmes constats et les mêmes remèdes sans oser sortir sur le terrain pour mettre en branle sa feuille de route politique. Ce report n’est-il pas une preuve de plus de l’échec, encore un autre, de cette opposition hétéroclite avec en son sein, des partis aux programmes  politiques et idéologiques diamétralement opposés. Avec, d’une part, un RCD et El- Adala de Djaballah aux idées qui s’éliminent mutuellement. Il y a encore  cet ex-chef de gouvernement Ali Benflis qui tient mordicus à «l’illégitimité » des institutions, notamment le président de la République, visiblement n’arrivant pas encore à avaler les deux cuisantes défaites subies face au président-candidat. Mais alors, s’interrogent ces mêmes voix, pourquoi cette même opposition n’arrive-t-elle pas à capter l’attention de la rue, surtout que la situation du pays faite de la contraction des recettes pétrolières, y plaide ? Avec un pouvoir qui n’a plus cette capacité de poursuivre l’achat de la paix sociale, tout le monde pensait que le chemin était tout «bitumé» pour l’opposition pour faire valoir son alternative, mais elle ne se contente que de communiqués et de déclarations. Point de meetings et d’activités publiques comme le fait régulièrement la patronne du PT qui n’est pourtant pas membre de l’ICSO alors que celle-ci est attaquée de toutes parts. Un véritable travail de sensibilisation que mène depuis peu Louisa Hanoune au moment où seuls le MSP et le RCD, les gros morceaux de l’ICSO aux côtés du nouveau-né de Benflis qui, de temps à autre, organisent des meetings. C’est que cette ICSO est « minée » par ces personnalités nationales, ces anciens chefs de gouvernement sans aucun relais dans la société, qui ne veulent surtout pas se mouiller, préférant attendre leur heure pour, qui sait, reprendre du service sur un plateau d’argent. Autre indice de cette fuite en avant de l’opposition et de sa soumission au fait accompli, son choix d’organiser son deuxième congrès le 27 mars prochain, soit après le vote de la révision de la Constitution, projet qu’elle dénonce pourtant «de toutes ses forces». Mais du côté des membres de l’ICSO, ils ont leurs propres arguments pour justifier leur «prudence». « Il faut comprendre que les partis de l’opposition, notamment ceux activant au sein de la CLTD, sont des partis responsables et non des pyromanes. Ce sont des partis qui ne veulent pas d’un mouvement violent qui va contester le pouvoir. Nous avons une opposition qui veut aller vers des négociations sur la base d’un projet, celui de la conférence de Mazafran, et discuter avec le pouvoir pour aller vers une transition démocratique pacifique. C’est pour cela que nous demandons l’organisation de marches populaires, car nous considérons que ces manifestations organisées par des partis qui ont de l’expérience dans la gestion des foules, qui ont des capacités à encadrer, à structurer les revendications les plus importantes est mieux qu’une manifestation « spontanée » de jeunes qui en auront marre de la situation et qui voient leurs perspectives d’avenir s’assombrir.», soutient le président du RCD. Et à Mohcine Belabbas de professer «qu’une telle explosion est inévitable si le verrouillage persiste. Elle arrivera par la colère à laquelle on n’a pas su répondre ou à la suite de manipulations de cercles parallèles». Car pour lui, «les choses bougent d’une façon profonde. C’est-à-dire que la conscience citoyenne est de plus en plus importante, on ressent que les Algériens commencent à comprendre qu’ils ont été dupés, que leurs ressources ont été dilapidées et que leur confiance a été trahie. 

Ils commencent à comprendre avec la mise en exergue de la réalité dans les domaines de la gouvernance, de l’économie, et politique. 

Les citoyens se rendent de plus en compte que ce que l’opposition disait est vrai. Donc, les choses évoluent profondément en faveur de l’opposition. Peut-être que ce n’est pas à la cadence souhaitée par beaucoup mais je pense qu’à partir de 2016, 2017, les choses prendront une vitesse très importante et nous nous inquiétons aussi quant à cette vitesse que vont prendre les événements économiques, sociaux et politiques. 

C’est pour cela que l’opposition se prépare à toutes ces éventualités». Un avis que partage le président du MSP. «Je pense que les plus avisés parmi la classe politique, les plus versés dans la pensée et la réflexion, savent très bien que ce qui fait bouger les citoyens et les peuples en général de par le monde, sont les conditions économiques et sociales. Nous n’avons jamais vu dans un pays démocratique qui a des traditions démocratiques, que ce soit en Europe ou aux Etats-Unis, les citoyens sortir dans la rue et scander des slogans pour la démocratie. 

Les gens sortent dans la rue pour des questions sociales qui les concernent directement. On l’a vu partout de par le monde. Et quand ces gens sentent qu’ils sont lésés dans leurs aspirations, dans leurs conditions économiques et sociales, les partis politiques les écoutent et font de leurs demandes et de leurs aspirations des actions politiques et les développent dans leurs programmes. Et du moment que par le passé, il y avait cette aisance financière, et les Algériens sentaient qu’ils étaient dans des conditions meilleures que beaucoup de pays de la région, ils n’accordaient pas beaucoup de considération à la vie politique. 

Et même quand les partis politiques évoquent la crise en vue, ce ne sont pas tous les Algériens qui y croient et comprennent. Mais lorsqu’ils entreront de plain pied dans cette crise, ils se rappelleront des avertissements de l’opposition. Cela se passe de cette même façon partout dans le monde», soutient Abderezzak Mokri.

 

Larbi Kacel

Publicité
Publicité
Commentaires
Société
Publicité
Archives
Publicité