Analyse : Pourquoi l’opposition politique n’arrive-t-elle pas à destituer le régime?
Analyse : Pourquoi l’opposition politique n’arrive-t-elle pas à destituer le régime?
Les analystes et les experts politiques restent focalisés sur la stratégie de distribution de l’argent, adoptée par le pouvoir pour acheter la paix sociale, sans aucun regard critique sur le fonctionnement de l’opposition. La concentration du discours sur le pouvoir pour contester ses pratiques autoritaires et sa gestion défaillante n’ont engendré qu’une faible mobilisation pour renforcer les rangs de l’opposition.
Cette stratégie, qui vise à renverser l’équipe dirigeante pour la remplacer par une nouvelle, est considérée comme l’une des raisons principales qui contribue si peu à réduire le fossé séparant les partis politiques et les populations. Il faut dire que le régime politique autoritaire s’est maintenu à cause d’une opposition qui a du mal à se détacher d’une culture politique bien ancrée depuis le règne du parti unique.
Au lieu de se démarquer par un discours politique novateur et pragmatique qui précise avec évaluation objective et arguments matériels l’absence d’une volonté politique pour développer le pays, les partis de l’opposition reproduisent en permanence les mêmes phrases générales qui n’embrassent pas les réels problèmes qu’affrontent les Algériens dans leur vie quotidienne.
Il est vrai que le pouvoir despotique algérien n’a pas arrêté, depuis 1999, de se renforcer par la mise en œuvre de lois et d’actions policières pour verrouiller toutes les voies qui aident au développement de la démocratie. Mais, cela ne signifie pas que les partis politiques de l’opposition ont perdu la bataille de la mobilisation pour trouver de nouveaux moyens pacifiques qui dévoilent le véritable visage de la politique autoritaire.
En revanche, d’être restée silencieuse ou peu réactive sur plusieurs dossiers graves que la presse a publiés sur la base des investigations des journalistes étrangers n’aident pas l’opposition à gagner la sympathie et à obtenir l’engagement du peuple à ses côtés. Le détournement des sommes colossales du Trésor public et l’incapacité de la justice algérienne à gagner son autonomie et son pouvoir pour traiter ces dossiers sensibles ne doivent pas laisser l’opposition les bras ballants.
Rebondir à chaque occasion pour attirer l’attention du public sur ces dossiers en réclamant, dans le même temps, une justice libre et autonome pour faire jaillir la vérité et appliquer les lois, anime les esprits et développe le lien politique.
Aujourd’hui, il est temps d’interpeller le pouvoir autoritaire par un discours politique vivant, qui élève la voix grâce à un contenu fructueux, et qui détaille les points de faiblesses des dossiers sensibles comme la justice, la santé et l’éducation.
Repérer les failles des politiques de formations, la malfaçon pour intégrer socialement et économiquement les populations ciblées représentent un moyen primordial pour construire un discours politique moderne, différent de celui du despote. Cette stratégie s’opère dans un processus qui aide le parti de l’opposition à s’inscrire plus dans la réalité de la population que dans la réalité du pouvoir autoritaire.
Il parlera plus des problèmes des catégories sociales différentes que des pratiques nauséabondes du pouvoir autoritaire. Il trouvera tous les moyens nécessaires qui l’aident à sortir de la culture népotique et autoritariste ; et pourra enfin raisonner politiquement. Il aura alors la gloire d’ouvrir le vrai champ politique pour affaiblir le discours qui trompe l’œil et gagnera sa place parmi la population qui l’amènera à son tour au pouvoir afin de réaliser le programme élaboré conformément à sa réalité.
Dans ce sens, le discours du gouvernant actuel perdra son efficacité pour attirer les masses autour de lui et le parti de l’opposition ne trouvera aucune contrainte pour l’éjecter de son siège, grâce à la popularité qui aura retrouvé son chemin dans son discours novateur.
L.M.