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Société
3 avril 2016

Le capitalisme national : une impossibilité structurelle en Algérie, interview intégral accordé par Abdelatif Rebah

 

Le capitalisme national : une impossibilité structurelle en Algérie,

interview intégral accordé par Abdelatif Rebah

 

Abdelatif Rebah, économiste, ancien cadre supérieur au ministère de l’énergie

A El Watan , entretien intégral  avec Abdelatif Rebah : Samedi 2 avril 2016

 

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Monsieur Rebah, vous avez vécu, en tant qu’ancien cadre supérieur au ministère de l’énergie de près la restructuration de la compagnie nationale des hydrocarbures. A posteriori, comment jugez vous les transformations induites par cette décision ? 

Oui. J’ai vécu de près cette restructuration même si je n’y avais pas été associé. On m’avait mis dès le départ à l’écart pour des raisons sans doute politiques. Mais ceux qui avaient lancé cette opération l’ont fait à grande échelle. Des centaines de cadres se réunissaient en permanence sous la direction du ministre. Moi, on ne m’a appelé que bien après. Je n’ai pas attendu l’a posteriori pour juger cette opération : je n’étais tout simplement pas d’accord.

Parce que des entreprises comme Sonatrach, SNS ou Sonelgaz, ne peuvent pas être considérées comme des entreprises quelconques. Dans une économie, à fortiori dans une économie comme celle de l’Algérie de l’époque, il y a des éléments clés que sont l’énergie et l’acier. Les enjeux des trois entreprises n’avaient rien d’ordinaire : c’étaient des enjeux directeurs qui commandaient le reste. On ne pouvait donc pas les traiter sur le mode des tailles gérables, au contraire, la taille joue ici un rôle prépondérant notamment en termes d’effet d’échelle et dans la capacité à planifier des grandes décisions. C’était des leviers de pouvoir d’Etat dans les grandes décisions du développement économique et social. 

Restructurer, filialiser, certes on pouvait en discuter mais ce n’était pas opportun surtout pour une entreprise comme la Sonatrach. Ce n’était pas mûr pour Sonatrach qui avait besoin, à l’intérieur du cocon, de créer de nouvelles structures, les renforcer. Pour Sonelgaz, à la limite, on pouvait comprendre la filialisation de la branche de l’électricité rurale qui semblait couler de source, et pareil pour Kanaghaz qui ne causait aucun problème. La preuve, d’ailleurs, que cette restructuration démembrement-atomisation n’était pas le bon choix c’est que plus tard, on en est revenus pour ces entreprises au regroupement, au groupe parce que l’unité managériale d’une branche qui assure sa cohérence stratégique, ne peut pas être recomposée comme ça à la légère, à partir de considérations de « taille maitrisable » arbitraires. Les Sociétés Nationales étaient un passage obligé. Il faut toujours tenir compte de notre propre contexte. J’ai toujours dit qu’il faille partir de l’historicité propre de la formation sociale algérienne. Les ordonnées de départ ne sont pas un détail négligeable. En 1962, nous avions, par exemple, deux mille candidats bacheliers. En France, la métropole qu’on venait de quitter, il y en avait 220 000, de candidats. Au moment où nous essayions de voir comment entrer dans la métallurgie, De Gaulle mettait en œuvre son programme spatial, nucléaire, informatique etc. C’est pour vous dire qu’on n’est pas à la même échelle, qu’on n’était pas partis au même moment. C’est ignorer complètement qu’est ce que c’est l’histoire que de vouloir benchmarquer. En matière de tissu industriel, la génération spontanée n’existe pas. Les entreprises naîtraient de savoir-faire ou de structures préexistant à leur création. Selon cette affirmation, on peut faire ressurgir des éléments anciens mais pas les faire naître du néant1. L’Algérie, contrairement à d’autre pays, n’a pas connu ce qui est appelé la protoindustrialisation, la première industrialisation. Certains pays d’Europe l’ont connue il y a au moins 5 siècles. L’Algérie n’est même pas comme l’Inde, la Chine, le Brésil, le Chili, par exemple, qui ont connu les deux derniers siècles la protoindustrialisation, étape déterminante dans le processus de construction industrielle parce qu’elle constitue la mémoire industrielle, celle qu’on peut reconvoquer à des étapes ultérieures de son histoire. Au lendemain de la 2 e guerre mondiale, l’Allemagne était complètement rasée. Au vrai sens du terme.

 Mais il y a eu reprise. On parle de miracle, oui, mais ce qui n’a pas été rasé, c’est le cerveau, la mémoire des gestes, des savoirs, des savoir-faire de l’industrie qui était là emmagasiné et il fallait juste de la volonté et les moyens financiers pour tout remettre en mouvement, relancer la machine industrielle. Je ne dis pas ça pour justifier quoi que ce soit : c’est un fait. J’ai bien étudié l’histoire de l’Algérie post indépendance, celle-ci peut se résumer au triptyque : une non- économie, un non- Etat, et même une non- société et ce en dépit de ce qu’on dit. Eh oui, la guerre de libération nous a certes cimentés mais celle-ci n’a pas empêché, quelques années après, l’éclatement de conflits de type tribal. Ce n’est pas l’Europe qui a déjà depuis bien longtemps réglé les questions de la nation, de son marché intérieur même dans le cas tardif de l’Italie par exemple etc. 

Vous dites qu’on ne peut pas sauter les étapes. N’y a-t-il pas là une forme de résignation. Faut-il reprendre l’histoire à zéro et attendre de connaître la proto-industrialisation pour avoir une industrie ? L’expérience de l’industrialisation des années 70, avec ses limites, n’a-t-elle pas donné lieux à quelques succès ?

 Non, non pas de résignation. Justement, c’est ce que je démontrais dans mon livre. On a cassé cet élan qui devait nous permettre de sauter les étapes. Il y a eu ce volontarisme que les gens nous reprochaient quelquefois pour dire qu’on aurait dû s’y prendre autrement. Mais en gros, tous ceux qui ont jugé cette expérience industrielle des années 60-70 disent que l’Algérie ne pouvait pas faire autre chose que ce qu’elle a fait. Que vous preniez Gauthier De Villiers, qui a pourtant écrit un ouvrage très critique sur « l’Etat démiurge », qui dit que l’Algérie n’avait pas d’autre choix que celui de l’économie étatique et des hydrocarbures ou même le FMI, qui, dans un de ses rapports traitant de cette période, disait que l’expérience était ce qu’on pouvait faire de mieux et que les résultats étaient satisfaisants. Cette expérience, et le FMI a oublié de le dire, a été menée contre ses recommandations.. Aujourd’hui, je lis par ci par là, que ce fut un choix doctrinal, idéologique. Ce qui a été fait n’était pas un choix doctrinal. Non, le choix doctrinal, idéologique c’était d’imposer les recettes du libéralisme en 1986, parce qu’il fallait changer le cap de la voie de développement national. 

Ce n’était pas un choix doctrinal, pourtant que ce soit les Charte de Tripoli (1962) et la Charte d’Alger (1964) n’avaient –elles pas balisées l’avenir économique de l’Algérie et inscrits les orientations socialistes ? 

Oui, mais ce n’était pas un choix doctrinal. La tentative de construction d’un système productif national procédait à la fois de la volonté subjective et de l’exigence objective. La volonté subjective répond aux idéaux égalitaristes, d’équité et de progrès social qui ont animé la guerre de libération du peuple algérien. Les principes de la réforme agraire, de la nationalisation des moyens de production et du rôle-clé de l’État dans la conduite planifiée du développement étaient retenus dans les textes fondamentaux de la révolution algérienne 2 . Au niveau de la future élite, la réflexion concernant l’orientation que doit suivre le pays, est radicale. À l’issue d’une Conférence nationale de l’UGEMA3, tenue à Cologne en Allemagne, un mois après le cessez-le-feu, un rapport de politique générale est adopté qui prône des options sans ambiguïté : « pour son développement, y est-il affirmé, l’Algérie ne peut adopter qu’un système économique socialiste, car le système capitaliste qui est basé sur le profit pour une minorité et dont la conséquence est l’exploitation de l’homme par l’homme, ne peut répondre aux aspirations légitimes du peuple algérien au développement et à la justice sociale »4. 

L’exigence objective découle des conditions dans lesquelles l’Algérie accédait à l’indépendance. Pour se développer, l’Algérie, pays sans tradition ni passé industriels, sans équipement moderne, ne peut « embrayer » sur nul acquis antérieur : ni administratif, ni industriel, ni managérial, ni technologique. C’est une situation inédite : ni les marchés, ni les technologies, ni les entrepreneurs, ni les managers n’existent. Reprenez l’annuaire des entrepreneurs algériens publiés deux ans avant l’indépendance, il n’y avait que deux ou trois musulmans algériens. Le fameux rapport Maspetiol, concepteur du plan de Constantine, relisez le. L’Algérie ne disposait de rien. On avait juste lancé le complexe d’El Hadjar mais…ce qu’il y avait, et c’était trompeur car l’Algérie c’était une enclave pied-noir qui avait un très haut niveau et le reste baignait dans le sous-développement. Plus de cent mille très hauts cadres. 10 % de la population européenne (1 million) oui, mais quasiment tous sont partis à l’indépendance. L’Algérie avait été amenée à former des comptables parce qu’elle n’en avait pas et même des moniteurs de colonie de vacance et des hôtesses de l’air. Les Algériens formés par le GPRA à l’étranger étaient certes diplômés mais ils n’avaient aucune expérience professionnelle. Dans le ministère des travaux publics, par exemple pas de cadres, ni techniciens, on ne savait pas lire un plan. Heureusement que certains ingénieurs français y étaient restés d’ailleurs. Il s’ensuit des enseignements qui vont peser d’un poids décisif dans le choix de la voie de développement. La bourgeoisie, en tant que classe, est absente. Elle ne peut pas être l’agent historique du développement national et un capitalisme sans sujet national, autrement dit, dont le fer de lance ne serait constitué que des entreprises étrangères, ne peut pas être envisagé. Le développement ne peut pas se faire sur la base de l’entreprise privée. Le capitalisme marchand ne peut pas réaliser les transformations structurelles d’envergure extraordinaire sans précédent que pose le décollage de l’Algérie indépendante.

Sauf à reproduire les conditions coloniales, hypothèse, il va sans dire, totalement exclue, le jeune État indépendant devait « inventer beaucoup et mettre en œuvre une formule à sa mesure », pour paraphraser François Perroux.

Le premier ministre M. Abdelmalk Sellal a récemment annoncé qu’un nouveau modèle économique serait en préparation. Un collège d’experts, sa task force économique, a été constitué auprès de son cabinet pour se pencher sur modèle et proposer des mesures anti-crise. Un nouveau modèle économique pourquoi faire puisque la constitution a déjà gravé dans le marbre l’économie de marché ?

 Je ne ferai pas de spéculations car je n’ai pas d’information sur ce modèle en question. Je suis comme vous, j’ai appris que des experts se penchent actuellement sur la conception d’un modèle et qu’il sera prêt d’ici juin. Maintenant, si vous me dites que c’est pour juguler la crise, je dirais qu’un modèle est conçu et mis en œuvre pour le moyen et le long terme. Les mesures anti-crise relèvent du conjoncturel. Si le modèle économique réhabilite la vision du long terme, c’est en soi un bon point. Sortir de la dictature du court terme pour aller vers la perspective du long terme. Réhabiliter la vision du long terme signifie réhabiliter les outils et l’appareil conceptuel qui vont avec. Je conçois mal qu’on puisse encore travailler sans réhabiliter la planification. Ce n’est pas parce que des institutions internationales ont décrété que ces outils sont désuets qu’on va s’y précipiter. Nous devons réhabiliter la vision pragmatique. Les mesures appropriées, il faudrait les inventer conformément aux problèmes tels qu’ils se posent chez nous. Sans a priori. L’économie de marché, il ne faudrait pas en faire une idéologie ou une religion. Nous devons aller vers les caractéristiques structurelles de l’émergence, sortir de ce piège des équilibres macro-économiques parce que c’est une commande du FMI et de la Banque mondiale. Il nous faut une cohérence alternative nouvelle. 

Ça veut dire remettre en cohérence la stratégie de développement, la politique économique, la politique industrielle, la politique sociale pour qu’on puisse y voir clair, avoir une démarche qui corresponde à l’étape où nous nous trouvons en 2016. Nous, nous n’avons pas réglé encore la question de la sortie du sous développement. Nous avons encore des problèmes structurels à régler. Souvent, on nous sert la tarte à la crème de l’économie rentière. La rente existait dans les années 60-70, elle a servi a construire des usines, des écoles, des universités, former des milliers de cadres etc. Heureusement qu’on a cette rente. Le problème est l’usage qu’on fait de ces revenus pétroliers et gaziers. Ce n’est pas le même usage entre les décennies de développement national qui ont suivi l’indépendance et les trois dernières décennies des restructurations libérales. Maintenant, si c’est pour aller dans l’impasse, parce que c’est l’impasse, cela ne sert à rien. Le constat d’impasse, nous y sommes déjà. Prenez le libre échange. Des ministres, des experts, ont tous dit, il faut y aller vers ça et on a perdu sur toute la ligne. Je ne veux pas convoquer les chiffres mais après plus de dix ans de l’accord d’association avec l’UE, nous nous retrouvons avec plus de 220 milliards de dollars d’importation et 6 ou 7 milliards à l’exportation hors hydrocarbures. C’est insignifiant. On a dit les IDE pour lesquels, il y a eu 3 décennies d’intense démarchage. En dehors des hydrocarbures, qu’est ce qu’il y a comme investissement étranger ? On a dit privatisation. Les statistiques de l’ONS ou du CNRC, parlent d’elles mêmes. Le secteur privé, c’est notre réalité historique, n’a pas existé chez nous. Ce n’est pas X ou Y qui a empêché son émergence, c’est le colonialisme qui n’a pas permis son existence. Le colonialisme n’a pas développé un capitalisme national. Ça ne s’invente pas et ce n’est certainement pas par décret qu’on transforme des TPE familiales de 5,6 bonhommes, en entreprises qui vont devenir des start-up. La problématique de sortie du sous-développement, des changements structurels, de l’instrumentation institutionnelle appropriée sont toujours d’actualité. 

Un modèle économique se décrète-t-il ? Est-ce un collège d’experts qui doit décider en autarcie des nouvelles orientations économique ? Une telle approche ne souffre-t-elle pas en amont d’un déficit de démocratie ? 

Un modèle économique est un aboutissement. C’est vrai qu’il peut être un point de départ pour un élan économique mais c’est un aboutissement d’un processus. S’il est véritablement question d’un modèle économique, on ne peut pas faire l’économie d’un processus de concertation large. Mais, apparemment, on n’en est pas là. Je ne pense pas qu’on puisse, en seulement trois mois, mettre en place un nouveau modèle économique. Ça sera donc une logique d’experts. Des experts réunis en cabinet restreint vont décider de ce qui a de mieux pour l’Algérie. Les problèmes de l’Algérie sont assez sérieux, complexes, pour être laissés aux seuls experts, fussent-ils les meilleurs du monde. Ceci nonobstant, la notion d’expert qui suscite de la méfiance. Les hypothèses, les supputations des experts engagent la société entière mais les conséquences des choix qu’ils entraînent c’est la société seule qui les assume. La logique d’experts ne doit pas primer. Nous devons réunir toutes les conditions de réussite de la démarche. Maintenant, si ce modèle économique relève de l’effet d’annonce pour dire que nous ne sommes pas passifs face à la crise, à la limite on peut comprendre. Les gouvernements lorsqu’ils sont confrontés à ce type de difficultés ont recours à ce genre de procédés. Par ailleurs, vous évoquez l’article de la constitution qui balise l’économie de marché, je ne pense pas que cela puisse constituer un problème. Le problème est : quelle est notre stratégie pour sortir du sous-développement pour l’émergence économique. Ils ont appelé ça « basculer dans l’économie de marché », pour vous dire, c’est significatif, comme s’il s’agissait d’un moment physique, quelque chose qui relève d’un dispositif technique, alors que ce n’est pas du tout ça. C’est encore une fois un processus historique, économique, social qu’on met en œuvre avec ses étapes, ses contenus différenciés. 

Vous disiez que le seul choix dogmatique qui a été fait fut celui de l’économie libérale à partir de 1986. Un choix adossé à un contexte de crise suite à l’effondrement des cours des hydrocarbures ? 

Le contexte de crise a été juste un prétexte. Les cours de pétrole n’ont pas tardé à remonter un an après. C’était un prétexte pour changer de cap. 

En 1999, le président Bouteflika est venu avec des prétentions libérales. On a connu une parenthèse de patriotisme économique avec le LFC 2009 vite refermée. Désormais, c’est le retour au cap libéral initial ?

 J’ai une autre lecture. On ne peut pas ignorer tous les processus qu’il y a eu ni les forces qui agissent. Depuis trente ans, les forces de l’argent se sont beaucoup développées. Auparavant, elles avaient une existence quelque part sociologique ensuite une existence économique et sociologique maintenant elles en sont à une existence sociologique, économique et politique. Elles pèsent désormais dans le processus de décision. Elles veulent avoir la volonté de l’Etat, l’orienter à leur guise, consacrer leur vision de l’économie et de la société, imposer les limites à ne pas franchir. Quand elles prétendent par exemple que tout est privatisable, là c’est clair. L’empreinte est visible dans le dossier des subventions. Voilà justement un secteur privé qui a enflé grâce aux aides et soutien des pouvoirs publics et qui maintenant qu’il est arrivé en haut veut supprimer l’ascenseur. Il traite des subventions comme s’il n’en avait lui-même jamais bénéficié. Ensuite, nous avons des élites qui dissertent sur des augmentations des prix et tarifs avec d’autant d’aisance qu’elles ne sont pas concernées du tout par leurs retombées. Elles surenchérissent en disant que ce n’est pas 10 % d’augmentation de l’énergie qu’il faudrait mais davantage. Le CNES a récemment demandé un plein d’essence à plus deux mille dinars. Ces élites ne se posent apparemment pas de questions sur les retombées. D’une part, parce que celles-ci n’impactent pas de la même façon les budgets et revenus familiaux. Les écarts de revenus tels qu’ils sont donnés par l’ONS, soit le rapport entre le budget de consommation du quintile le plus bas et celui du quintile le plus haut, cet écart est formellement de 1 à 5, voire 1 à 6, mais en réalité, en y introduisant les autres revenus non enregistrés, nous auront un écart beaucoup plus important de 1 à 8 voire jusqu’à 1 à 10, entre les 20% de la population les plus aisées et ceux du bas de l’échelle. Je dis que des études sérieuses sur l’impact doivent être commandées d’abord préalablement à toute nouvelle augmentation. Or, aucune simulation n’a été faite au préalable, à ma connaissance. En France, l’écart entre le niveau le plus bas et le niveau le plus haut de consommation énergétique va de 1 à 6 et même de 1 à 9. Il y a des gens qui consomment neuf fois plus que les autres. Ici, aussi nous n’avons pas tous le même niveau de consommation, ni le même type de voiture, ni tous des climatiseurs, etc.… Il nous faut une tarification résolument progressive qui mette à contribution les strates de sur-consommateurs multi équipés. 

Prenons l’exemple des augmentations des prix de l’électricité et du gaz. .Les factures ne sont pas encore envoyées : c’est au mois d’avril, et l’incidence de l’augmentation des tarifs énergétiques se fera sentir sous peu. Le gouvernement dit préserver les couches des petits consommateurs. Il a épargné les 2 premières tranches. Mais, dans la tranche 3, on retrouve des petits consommateurs, et qui sont des salariés pour la plupart. C’est la tranche de consommateurs la plus touchée proportionnellement à ses niveaux de revenus. Or, la tranche 4, ceux qui consomment beaucoup d’énergie, n’est pas suffisamment démarquée de la 3 alors qu’elle devrait être concernée plus par l’incidence de la hausse. Ce n’est que justice après tout. C’est dans la tranche 4 qu’on retrouve les plus hauts revenus et qu’on retrouve le suréquipement énergétique. Idem pour le gaz. La tranche 4 n’est pas suffisamment démarquée de la 3. L’écart entre les deux tranches doit être beaucoup plus important. En fait, finalement, c’est la tranche des salariés, des revenus fixes qui sera sensiblement affectée. Le reste à vivre, soit la somme du budget qui reste après avoir payer les factures des services publics, deviendra pour eux problématique. 

L’autre aspect a trait à l’effet inflationniste. Il y a un effet d’entraînement : les augmentations des prix des produits énergétiques sont automatiquement répercutées sur ceux des biens et services Et l’inflation, il ne faut pas l’oublier, c’est l’impôt du pauvre. Nous ne devons pas uniquement raisonner en termes d’équilibres comptables. Les incidences in fine sur la stabilité sociale, il ne faudrait surtout pas les négliger. 

Ces augmentations bien que justifiées, ne sont pas injustes, elles sont injustement réparties, c’est ce que vous dites. 

Exactement. Elles sont injustement réparties. Ceci dit, des mesures doivent être prises pour rationaliser la consommation énergétique et la tarification en fait partie même si elle n’est pas le seul levier. Les gisements de rationalisation et d’économies d’énergie sont importants. Pour le carburant, prenons le GPL, nous sommes à 6 ou7 % du mix carburant, depuis trois décennies, alors que le GPL est surabondant. Et un carburant comme le Diesel, polluant et coûteux en devises, sa consommation est montée en flèche. Pourquoi ? A quoi rime une politique pareille ?

Je reviens aux gisements d’économies d’énergie. Le torchage, les volumes considérables de gaz qui vont à la torche, en fumée, c’en est là aussi une des formes de gaspillage de l’énergie par les entreprises de l’énergie elles même. De même pour l’autoconsommation de gaz des unités de GNL De son côté, Sonelgaz perd de l’énergie, dans ses réseaux, par le piratage, une part importante. 20 à 25 % de l’énergie qui est perdue. Donc, il y a des mesures de rationalisation, d’optimisation, d’ordre qualitatif qui doivent être prises et qui sont le signe d’un Etat régulateur qui fait face à la conjoncture avec les dispositifs idoines et non pas se précipiter comme c’est fait, en mettant en œuvre les solutions faciles qui aggravent nos fragilités. Chaque secteur doit élaborer ses engagements fermes en termes de rationalisation et d’économies d’énergie. 

Pour faire passer la pilule de ces augmentations, des experts avancent l’exemple des pays du Golfe ou du Venezuela où les carburants coûteront 60 fois plus cher ? 

Heureusement qu’en Algérie il y a encore des gens encore sensés pour ne pas avoir à envisager ce type de folies. Nous avons encore des atouts. Un marché intérieur qui est le fruit de l’industrialisation. La demande de bien être n’est pas tombée du ciel, c’est un produit de l’histoire du développement. Alors que faire ? S’engouffrer dans de petites mesures qui sous l’allure de rationalité occultent la dimension stratégique, ou aller vers des mesures qualitatives ? Je crois que le choix est vite fait. Le gaspillage, il faudrait le chercher dans les hautes strates. C’est là bas que se trouve la surconsommation. Le choix de construire des routes au lieu de s’orienter vers le rail, à quoi répond-t-il ? Nous avons une surconsommation d’énergie née d’un modèle de transport nocif qui privilégie le « tout routier », le « tout voiture particulière ».C’est à ce modèle de transport gaspilleur, polluant et inéquitable qu’il faut s’attaquer et cela ne va pas se faire à coup de relèvements de prix. C’est une politique volontariste qui impose la priorité aux transports collectifs qu’il faut instaurer. On évoque les équilibres budgétaires mais nous avons un taux de fiscalité qui est moindre que celui des pays voisins. Cela veut dire que les ressources de l’Etat n’ont pas été encore optimisées. On veut ponctionner les couches sociales les plus vulnérables mais on oublie d’envisager les autres moyens. L’impôt sur le patrimoine, c’est 0,02 % des contributions fiscales. Nous avons l’impression que nous sommes dans un pays où il n’y a pas de riches alors qu’on parle de plus de 5 mille milliardaires, des milliers de millionnaires. Dans les classements des acquéreurs immobiliers en Espagne ou en France, ils sont au top Ten. L’Etat régulateur, il est où ? Rappelez-vous que les députés ont refusé d’instaurer (en 2013) un impôt sur la fortune. Prenez le marché de l’automobile, par exemple, c’est un secteur qui engrange un chiffre d’affaires annuel de 700 milliards de dinars mais seuls 3% à 6% des résultats de l’exercice sont versés au Trésor public. Optimiser les ressources et le budget, les rationaliser, c’est aussi l’impôt non recouvré par l’Etat. Des montants considérables. Mais décidément, on se précipite plus vers des mesures qui touchent à des équilibres précaires que vers des mesures essentielles d’ordre qualitatif. 

M. Nouredine Bouterfa, le PDG de Sonelgaz a récemment déclaré que pour ce qui est des créances impayées, soit près de 50 milliards de dinars, 50% concernent les institutions, 20% des créances des entreprises privées et les 30% restants concernent les simples citoyens. Pourquoi s’acharner à faire payer le simple citoyen ? 

Nous avons une consommation énergétique qui évolue d’une manière trop forte par rapport à nos ressources. Pour la rationaliser, la discipliner, il y a des leviers à actionner dont celui des tarifs. On considère que Sonelgaz, parce que c’est une entreprise en difficulté et qui doit agir pour rentrer dans ses équilibres de gestion, doit revoir les prix de ses prestations même si, attention, ce levier ne doit pas servir à occulter les erreurs de gestion. On ne doit pas faire payer plus pour masquer des contreperformances gestionnaires. Les mesures tarifaires ne doivent pas être une prime à la contre performance gestionnaire. Pour être pertinentes, Il faut qu’elles soient justes. La stabilité sociale ne relève pas que de l’économie, c’est une dimension indissociable de l’économie. Autrement, l’Etat aura a payer plus en mobilisant les forces de l’ordre pour maintenir la stabilité sociale menacée. Une telle perspective a un coût et ses seules incidences financières seront sans doute plus importantes. Le mieux serait donc de ne pas en arriver là et s’y prendre avec une approche globale. 

Justement en matière d’approche globale, le levier tarifaire ne risque-t-il d’escamoter cet avantage comparatif qui est le prix de l’énergie ? D’autre part, ces augmentations ne répondent-t-elles pas aux exigences d’institution internationale, l’OMC en tête, qui demandent d’aligner les prix de l’énergie soient sur ceux du marché international ? 

Non, pour l’instant nous sommes loin des niveaux critiques. Il faut dire que ces augmentations nous pendaient au nez depuis bien longtemps déjà même si cela rejoint comme vous dites une des exigences de l’OMC. Un service quel qu’il soit doit être rémunéré à sa juste valeur. Il s’agit en le cas d’espèce de prestations et d’une ressource rare et non renouvelable. Les mesures tarifaires doivent refléter ces réalités. Par ailleurs, il existe d’autres gisements d’économie d’énergie sans toucher aux tarifs. Nous devons transcender le strict plan des mesures tarifaires pour arriver à mettre en œuvre une véritable politique d’économies d’énergie. Nous avons un habitat gourmand en énergie.

Des économies sont à faire au niveau de la construction. Ça va sans doute coûter plus cher mais nous aurions à gagner en développant une industrie des matériaux d’isolation. Il est aussi temps de s’orienter vers les modes de transports collectifs d’autant plus que le gain en terme de temps, énergie, santé sont énormes. En une douzaine d’années, nous avons importé pour plus de 40 milliards de dollars en voitures sans parler des pièces de rechange. Nous sommes passés de 2,9 millions de véhicules en 2000 à 5,5 millions en 2013. Parallèlement, l’Algérie a importé un volume cumulé de 7, 2 millions tonnes de gasoil et de 3,3 millions de tonnes d’essence. A ce rythme, nous atteindrons bientôt un seuil de dysfonctionnement inimaginable en termes de coûts, de pollution, d’encombrement. 

La part de la production allouée à la consommation interne est passée de 22 % en 2003 à 29 % en 2013. 

Des experts comme Attar disent que l’Algérie n’aura plus de gaz à exporter d’ici 2030 vu la l’explosion de la consommation interne ? 

Oui, si on continue comme cela à aller au fil de l’eau, comme on dit, en augmentant le parc des centrales fonctionnant au gaz, en suivant le rythme de la consommation de l’électricité sans la réguler, sans la rationaliser, en continuant a importer des équipements énergétivores. La part de gaz naturel dans la consommation est passée de 15 % en 2003 à 24 % en 2013. Ces volumes sont autant de mètres cubes de gaz en moins à l’exportation. 

L’Algérie importe chaque année pour plusieurs ( ?) de dollars de carburant et produits raffinés. Qu’est ce qui empêche le gouvernement d’accroître ses capacités de raffinage ? Est-ce le souci de faire fonctionner les raffineries italiennes, espagnoles et autres ?

 Il y’a de nouvelles raffineries qui vont être mises en service. Mais le problème ne se situe pas à ce niveau. Si a chaque fois l’Algérie réagit par à coups, d’une façon linéaire, elle ne va pas s’en tirer. Il faudrait que notre modèle de consommation énergétique corresponde réellement à nos choix. Je n’ai pas à subir la pression d’une couche parasitaire de la population qui va me conduire vers un modèle de consommation énergétique qui dilapide les ressources et compromet l’avenir des générations futures. L’Etat et les pouvoirs publics sont censés être les dépositaires de cette vision d’avenir. Vous avez plusieurs 4X4 dans les garages de vos châteaux, ce n’est pas à l’Etat d’importer du Diesel pour vous ! C’est le modèle de consommation de cette couche parasitaire qui est en vigueur en Algérie. Ce n’est certainement pas celui des 800 communes pauvres de l’Algérie et cette couche freine avec les quatre fers pour que les mesures appropriées ne soient pas prises. On nous dit, nous n’avons pas d’argent pour construire une ligne de tram ou de métro mais paradoxalement nous en avons assez pour importer encore des véhicules. Cela témoigne des forces qui sont à l’intérieur du système de décision et qui pèsent de telle manière que cela défie parfois le simple bon sens.

 Il y va de l’influence des puissances de l’argent mais quid de l’influence du capital mondial dans le choix des orientations économiques ?

L’Algérie est un espace périphérique économiquement surdéterminé et politiquement instrumentalisé. Nos espaces périphériques se présentent ainsi. La surdétermination de l’Algérie sur le plan économique ne fait aucun doute. Il suffit de voir les cotations du dollar, de l’euro et le prix du baril pour s’en rendre compte qu’ils sont manipulés. La chute des prix des hydrocarbures a été provoquée. Plus personne ne croit aux inepties du genre : le marché est régi par l’offre et la demande. L’empreinte des grands cartels, les cartels bancaires notamment est visible. 

Pourtant, on fait un état de plus de 2 millions de barils de pétrole en excédent par jour sur le marché du brut… 

C’est justement au niveau des millions de barils en excédent que se situe la manœuvre. En 2015, la consommation a augmenté de 300 mille barils/jour. On prétexte que l’économie chinoise a ralenti la consommation mondiale mais on ne dit pas qu’elle a fait 6,9 % de taux de croissance. L’Inde, 7,3%. Ce rôle de la manipulation a été joué par l’Arabie Saoudite qui, avec les USA, ont fait chuter les prix. C’est aussi ça la logique du capital mondial. Il y a la FED et l’Arabie Saoudite, qui fait office de FED pétrolière, qui servent de leviers pour les Etats-Unis. Ces derniers disposent de deux leviers : l’un à Wall Street l’autre à Riyad.

On épilogue énormément sur les puissances de l’argent et sur le capital privé. Qui sont- ils au juste ? Et comment interagissent-ils avec le capital mondial ? 

Concernant le capital privé algérien, celui-ci a connu un certain nombre de phases. A l’indépendance, il était très embryonnaire. C’est grâce au développement du secteur d’Etat, du secteur public que le capital privé s’est développé. Je parle de ce capital privé avec une consistance industrielle, productive. Dans le textile et la confection, dans le bois et l’ameublement, dans la métallurgie et la transformation métallique, dans la mécanique. Pourquoi ? Parce qu’il y avait des commandes, des plan de charge, un marché stimulés par les plans nationaux de développement et surtout une protection de l’Etat dès lors que le débouché était assuré. Ce n’était pas rien. 

Même si ce capital était considéré à cette époque comme paria dans un système où seul le capitalisme d’Etat avait clairement droit de cité. 

Le capitalisme d’Etat implique justement l’existence d’un secteur privé. Même si sur le plan politique, il était confiné. Nonobstant le caractère juridique qui n’était pas très net, ce capital avait une existence réelle sur plan économique. Mais à partir de la deuxième moitié de la décennie 80 et surtout à partir de la libéralisation, sur injonctions du FMI, du commerce extérieur, on s’est retrouvés dans une autre configuration. tout ce beau monde s’est rué vers l’activité du commerce et de l’importation. Les dispositifs réglementaires et législatifs aidant, ce capital s’est orienté vers les sociétés d’importation, parce qu’il ne pouvait plus soutenir la concurrence dès lors que l’importation était plus lucrative, plus rentable que le détour de la valorisation productive. Le capital, et c’est valable en tous lieux, n’opère pas ce détour parce qu’il a envie de le faire, il le fait malgré lui. 

C’est donc ce capital privé national versé entre autres dans l’industrie qui s’est converti à l’importation ?

 Oui mais pas seulement. C’est la mort dans l’âme que ce capital privé productif s’est réorienté dans l’importation. Certains de ces producteurs ont abandonné leurs affaires parce qu’ils avaient été mis en situation de concurrence déloyale, tout comme le secteur public d’ailleurs, face à l’importation. Pour le médicament par exemple, on avait dit laissons les gens importer, ils installeront au fur à mesure leurs unités de production. Mais, ces unités, nous ne les avons jamais vues. Le fameux commerce industrialisant des « réformateurs » n’à jamais fonctionné en fait. C’était une fiction. Par la suite, le plan d’ajustement structurel est venu aggraver cette situation et aujourd’hui on se retrouve avec une industrie qui participe de 4 % au PIB alors qu’il était de plus de 20 %, et un secteur public qui est passé de 80 % à 20 %. En contre partie, la valeur ajoutée du secteur privé a augmenté, sa part des crédits avec mais sans aucune retombée pratiquement sur le plan investissement productif.

 C’est dans l’ordre des choses : l’inclination naturelle du capital, c’est le profit. Il n’a pas d’autres raisons que celle-ci. Quelles branches ? Quel contenu technologique ? Ce sont des questions auxquelles le primat de la rentabilité financière donne une seule et unique réponse ; ceux que justifie le profit. Rebrab, quand il a voulu reprendre l’usine de pneumatiques de Michelin c’était pour reconvertir l’activité dans le commerce pas pour développer l’industrie du pneumatique. Chez nos industriels, la part de la valeur ajoutée créée ne dépasse pas les 20 %, le reste est importé. On est à peine dans l’activité de transformation mais à la marge. Voilà la réalité de notre tissu productif. On a transformé la structure juridique, on l’a privatisée, on a tertiairisé l’économie mais il ne s’agit pas d’un secteur tertiaire qui vient en prolongement de l’activité productive nationale. C’est un secteur d’import-revente, pour l’essentiel. Notre secteur tertiaire n’est pas fait de start-up, on n’en fait pas de la haute technologie, c’est pour l’essentiel des petits commerces de détail, des personnes physiques. L’économie s’est tertiarisée mais aussi informalisée. Nous avons donc une économie sans consistance productive et dans ces conditions justement ceux qui en tirent profit sont les forces qui ont accumulé des fortunes dans l’import-import et l’immobilier de rente. C’est un secteur mouvant, opaque où il est difficile d’identifier qui fait quoi. On est face à une nébuleuse avec une porosité élevée entre monde politique, des affaires etc. Difficile donc de les identifier. Mais là n’est pas l’essentiel. On peut, cependant, en constater les impacts ou leur influence désormais assez palpables. On parle de dizaines de milliers d’importateurs mais en réalité, on est en présence d’un noyau mais un noyau qui pèse lourd.

 Et pour ce noyau, la situation de statu quo arrange bien leurs affaires !! Un statut quo modulé selon la conjoncture, passant du statu quo défensif au statut quo offensif comme c’est présentement le cas. Maintenant, pour ce qui est du lien avec le capital mondial, ma foi, il est clair. C’est au niveau de ce lien qu’il faut chercher les mécanismes qui bloquent la diversification sectorielle productive du PIB et de nos échanges internationaux. Ces gens importent à partir d’où ? Qui est ce qui verrouille notre liste de fournisseurs. Nous avons, depuis 40 ans, presque les même structures d’échange avec des fournisseurs comme la France, l’Italie, l’Espagne, les Etats-Unis. Le monde a pourtant changé depuis avec l’émergence de nouvelles puissances mais la structure de nos échanges est restée presque la même. Le seul changement notable est l’arrivée de la Chine comme fournisseur. On est visiblement coincés avec ce vis-à-vis qui est l’UE et c’est lui décidément qui a balisé ce qu’on doit être définitivement, à savoir : l’Algérie, fournisseur d’énergie, pôle de consommation autrement dit déversoir de ses produits. Il y a comme un parlement invisible qui vote contre nous dès que des mesures sont prises et qui risquent de remettre en cause le statut quo. Dès qu’il vote, ce parlement invisible nous le fait savoir à travers notre presse ou la sienne. Et pour eux, il est hors de question que l’Algérie soit à la fois une puissance énergétique et une puissance industrielle. C’est leur cauchemar. Notre marge de manœuvre est limitée. Sous estimer les mécanismes du capital global, c’est vraiment faire preuve de naïveté. On ne fait que constater sa puissance de feu. En actionnant le levier pétrole, de juin 2014 à aujourd’hui, ils ont fait baisser son prix de 70 %. Sans aucune raison de marché. C’est Goldman Sachs et Rockefeller qui en sont responsables. Pour ceux qui se gargarisent de théorie du complot, les chiffres qui parlent : 147 firmes, dont les trois quarts appartiennent au secteur financier contrôlent l’économie mondiale. Le marché global est très concentré. 80% du commerce mondial est aux mains des transnationales qui sont dirigées par des états-majors qui planifient sur la base de prix artificiels, de cession interne. L’oligarchie contrôle les flux d’informations. C’est la même famille, avec ses think thank, ses aréopages de penseurs, d’experts…ce n’est pas une fiction. Alors, que sommes nous devant eux ? Et de là à nous amuser nous même à dribbler dans nos 18 m, c’est de la folie. Nous sommes dans une situation où il est impérieux de revenir aux écrans de protection. La situation exige des réponses centralisées. Plus d’Etat, oui, pas au sens d’un retour mécanique aux années 60-70, mais avec un Etat instruit par l’expérience, armé de ressources humaines qualifiées, instruites, abondantes, capables de mettre en œuvre les acquis des sciences et des techniques au service du développement, un Etat garant des priorités productives, sociales du développement, de protection de l’environnement, des priorités scientifiques et technologiques.

 Comment ce capital privé évoluera dans les prochaines années ?aurions-nous des oligarques du genre produit par la Russie d’Eltsine ?

 Dans l’Algérie de 2016, la montée d’un capitalisme national est impossible. C’est une impossibilité structurelle dans le contexte de la mondialisation capitaliste. Le capital global n’a pas besoin d’un capitalisme national, c’est à dire autonome, qui serait un facteur de remise en cause de ses intérêts. Si la colonisation n’a pas permis le développement d’un capitalisme national, le capitalisme mondial encore moins. Il n’y a pas de sujet pour le capitalisme en Algérie. C’est un sujet historique inexistant en Algérie. En réalité, et l’exemple de notre pays le montre, l’impasse actuelle est de naturelle structurelle et elle traduit l’impossibilité radicale d’apporter les réponses qu’exige le développement économique et social de notre pays dans le cadre de la dépendance de la mondialisation capitaliste. La seule voie de lucidité qui s’offre à notre pays, c’est un développement national qui préserve l’autonomie de décision, celle que procure la souveraineté sur nos ressources en hydrocarbures, notamment. Il ne faudrait jamais revenir sur ce principe. Je dis qu’il y a encore des possibilités de renégocier un certain de nombre de recompositions dans la division internationale implacable du travail. Il faut œuvrer à s’émanciper des rapports de puissance porteurs de logiques systémiques de dépendance et de sous-développement. En vérité, en Algérie, l’Etat n’a pas encore épuisé sa mission historique dans la construction d’une économie nationale pérenne. Lorsque l’économie n’existe pas, on ne peut faire l’économie de l’Etat, écrit pertinemment l’auteur d’un article au titre fort à propos : « L’entrepreneur schumpétérien a-t-il jamais existé ». L’Etat doit jouer le rôle de preneur d’initiative et de risque. Dès lors qu’il est admis que « l’Etat doit être fondamentalement développementaliste », la question est comment le faire rentrer dans ces nouveaux habits ? Quelles sont les transformations à opérer et les conditions à réunir pour que l’Etat puisse d’abord, repousser les limites actuelles de ses marges de manœuvre puis se donner les capacités d’agir en tant que moteur et acteur majeur incontournable de la sortie du sous-développement et renforcer ses fonctions de garant de l’équité et de réducteur des inégalités et des injustices, du respect des priorités productives et environnementales ? 

Les questionnements que soulèvent les défis de l’adaptation à un monde en phase de recomposition agressive qui cible l’Etat national renvoient, quant au fond, à la nécessité de l’élaboration d’une stratégie de construction des institutions et des structures d’accueil d’une économie mixte productive et diversifiée.

 Haddad, le patron du FCE, plaide pour un secteur privé fer de lance de la croissance. Vous y croyez ?

 Mais de quelle croissance parle-t-il ? Entre 2000 et 2013, le contenu de notre croissance hors hydrocarbures est tiré par les secteurs du BTPH, du commerce et des services. Et quand on dit bâtiment et matériaux de construction, ce n’est pas uniquement les programmes publics de construction de logement, c’est aussi l’immobilier de rente qui s’est considérablement développé. Mais une croissance qui ne crée pas les conditions de son propre dépassement n’est pas une croissance.

 Notre croissance à nous dépend totalement des importations qui se sont accrues de plus de 500 % en seulement une dizaine d’années.. Les secteurs qui se sont développés chez nous sont presque tous adossés à cette activité d’importation-revente en l’état. Aujourd’hui, on parle de capitaines d’industrie. Mais elle est où l’industrie ? Elle est où cette notion de risque qui caractérise l’entrepreneur car qui dit capitalisme dit risque. Ma foi si on veut récrire l’histoire du capitalisme européen, je le veux bien mais à condition de la réécrire en entier et non pas sauter les pages et les chapitres.

 Vous faites bien le distinguo entre capital privé et puissance de l’argent ?

 Absolument. Nous avons des puissances de l’argent ; nous n’avons pas un capital privé. Bien que les deux soient soumis à la loi du capitalisme mondial. Nous avons des velléités, des embryons de capital privé, mais delà à ce qu’il prétende à être l’agent historique du développement de l’Algérie, c’est d’une impossibilité structurelle. Pour le développement national, l’Algérie a encore besoin de cet agent historique qui s’appelle secteur public. On a besoin de complexes industriels comme ceux de la SNVI, d’El Hadjar. On nous a dit, les IDE. On a donné ce bijou national qu’est El Hadjar à Mittal parce qu’on pensait qu’il allait ramener une nouvelle technologie, un management de qualité, mais en bout de course, des secteurs entiers du complexe ont été fermés, sinistrés. Ceci devrait nous servir de leçon. Ce n’est pas parce que Lakshemi Mittal est un méchant, c’est juste la loi d’airain du capitalisme qui fonctionne ainsi. L’ouverture du capital des entreprises publiques comme préconisée par la loi de finances ne vise rien d’autre qu’à rééditer l’expérience d’El Hadjar. Nous sommes dans le déni total. Ouvrir le capital des entreprises, oui mais à condition que l’Etat veille. Il faudrait qu’il soit derrière, avec sa vision, ses priorités. L’économie mixte, c’est la seule voie tenable de l’Algérie. Mais si c’est dans la logique du capital privé qui prendra le dessus parce qu’il va développer ces secteurs, ma foi, c’est ignorer la nature de celui-ci qui n’a d’autre règle que celle des débouchés solvables avec, à terme, comme conséquence, l’avènement d’immenses archipels de misère. Je rappelle que la Chine possède encore plus de 100 000 entreprises publiques et dont certaines fonctionnent encore avec des technologies des années 50. C’est cette même Chine qui talonne aujourd’hui les Etats-Unis. 

Vous dites que l’avenir de l’Algérie est dans une économie mixte. Nous sommes nous pas déjà dans cette configuration d’économie hybride ?

Quand je dis mixte, c’est en termes de statut juridique. Cela ne doit pas signifier une économie de bazar. Parce qu’une économie de bazar, nous y sommes totalement. On importe des produits pour les revendre en l’état. Encore faut-il avoir du respect pour le bazar au sens stricto sensu. Pour que les véritables choix d’une économie productive soient faits, il faudrait qu’il y ait une garantie que c’est l’Etat à travers ses entreprises qui les impose.

 Vous pensez qu’un modèle autocentré du même type des années 70 a encore de la place dans l’Algérie d’aujourd’hui ? 

Il faut être pragmatique. Ce n’est pas une question de mode. Ce qui nous permettra de faire le choix d’une économie productive passe par le dépassement de l’horizon étroit du profit. 

Cette volonté doit être réinstaurée. En tenant compte du contexte, oui. De la place pour un modèle de développement autocentré, peut être pas, mais la logique qui consiste à rester prisonnier de ce face à face avec l’UE, qui nous maintient dans un statut de sous-périphérie, je dis qu’il y a une possibilité de la briser, de la transcender. Le choix est hardi et la menace et les risques politiques existent, certes. Lorsqu’en 2009, certaines mesures ont été prises (droit de préemption, règle des 51-49%), on a eut droit à une levée de boucliers. Celle-ci peut aller plus loin jusqu’aux manœuvres de déstabilisation. Mais si le coût de la rupture avec cet enfermement est élevé, celui de la non rupture porte en germe la menace de perdre l’indépendance nationale. 

Officiellement, l’Algérie dénonce certaines clauses de l’accord d’association avec l’UE. Pensez-vous que la révision de cet accord est jouable ? 

L’Algérie n’a pas d’autre choix que de réviser cet accord. Parce qu’il est la négation tout court de toute possibilité de construction d’une base productive nationale. Alors là, ceux qui aujourd’hui parlent d’une adhésion à l’OMC, c’est complètement insensé sachant ce qu’elle implique vraiment. N’empêche, certains ferraillent encore en faveur de cette adhésion contre tout bon sens. Lorsque l’accord d’association avec l’UE a été signé, des ministres, comme celui des affaires étrangères de l’époque, son successeur, des experts très médiatiques avaient applaudi. Certains avaient même dit que l’Algérie aurait dû le signer depuis longtemps. L’incapacité à penser l’intérêt national, je trouve cela très préoccupant. 

L’Etat algérien dispose-t-il d’une marge de manœuvre pour renégocier cet accord pour le rendre plus équitable ? Est-ce que l’Algérie a les moyens de se soustraire à cet accord ? 

Oui. Nous avons la possibilité déjà de renégocier un autre délai. Et je dirai plus : nous devons envisager cela en termes de guérilla ou de guerre de tranchées. Il n’est pas question de leur remettre les clés. L’acquis de l’indépendance doit être capitalisé, prendre un nouvel élan. C’est d’ailleurs pour cela que je plaide pour une cohérence alternative nouvelle. Pour une approche globale qui ne doit surtout pas souffrir d’un déficit de l’adhésion de la majorité des algériens qui est essentielle et de cet impératif de la démocratisation des rapports sociaux et des circuits décisionnels. En Grèce, avec tout l’appui populaire dont il jouissait, Syriza a plié, même s’il n’était pas contraint à le faire. Nous devons prendre la mesure des périls. Je ne ferais pas dans l’alarmisme comme le font douteusement certains pour que, comme on dit, les poules aillent consentantes vers l’abattoir. Nous devons expliquer les enjeux parce qu’au niveau mondial, les évolutions sont dramatiques. On est passé d’une crise financière à une crise économique et politique et maintenant la situation dégénère en crise géopolitique. Nous ne sommes pas loin d’un conflit mondial où l’Etat national est une cible. L’Algérie n’est pas une île : elle fait partie de la liste des Etats post-indépendance à liquider dès lors que sa ressource principale est liée à un marché très conflictuel. En reprenant la métaphore d’un ancien ministre au fait des réalités de l’ordre du monde, on peut dire que le bateau Algérie vogue sur un océan mondial en furie, situation d’autant lourde de périls que la richesse économique du pays le fait précisément dépendre du marché international le plus ultra-conflictuel, celui de l’énergie .Il reste que dans la hiérarchie des enjeux de tous ordres, l’enjeu de la préservation de notre marge d’autonomie de décision nationale occupe naturellement et incontestablement la place stratégique de premier plan. Tout simplement parce que privée de ce cadre, tout élaboration de politique nationale devient sans objet. 

Le gouvernement vient d’annoncer la mise sur le marché d’un emprunt obligataire. Est-ce une façon de contourner le dispositif d’adhésion fiscal volontaire suspecté d’abriter une opération de blanchiment grandeur nature où est-ce un passage obligatoire pour capter la masse monétaire circulant dans l’économie informelle ? 

Parfois, on peut ne pas avoir le choix des armes à utiliser. Il y va de l’emprunt obligataire comme de l’opération de changement des billets de banque. Quand il y va de l’incapacité d’assécher, par les moyens ordinaires, la grande masse monétaire de l’informel, on recourt à ces dispositifs. Le degré d’acuité dépend des niveaux de nécessité. Aucune mesure économique n’est sans incidence. Et le coût de la non rupture se révèle parfois plus important que le coût de la rupture elle-même. 

Avec un déficit budgétaire de 26 milliards de dollars, le retour à l’endettement externe est de plus en plus envisagé par les cercles décisionnels. Vous en dites quoi ? 

Je suis contre. Y compris pour le financement des projets structurants. Tel que le système financier mondial est fait actuellement, où on ponctionne les avoirs au gré des crises, c’est trop risqué. Emprunter auprès de la Chine, auprès de systèmes sains, c’est autre chose.

On nous dit nos réserves de change tiendront jusqu’à 2017.

 Oui, si rien de grave ne vient compliquer notre situation. Il faut s’armer de beaucoup de réalisme pour ce qui est des horizons. Comme dit le proverbe turc, les nuits sont enceintes et nul ne sait le jour qui naitra. Projeter jusqu’en 2017 me semble pourtant un peu osé, dans la situation de bouleversements imprévisibles dans laquelle se trouve le monde, il y a trop d’incertitudes. Les accélérations et autres « accidents » géopolitiques sont tels que fin 2016 me parait déjà un horizon plus réaliste.

 Concernant le déficit budgétaire, je ne crois pas qu’on ait encore envisagé toutes les solutions pour optimiser nos ressources. Que ce soit l’impôt sur la fortune ou pour le manque à gagner fiscal qui est énorme : jusqu’à 2010, le montant était de 543 milliards de dinars de restes à recouvrer sur l’IRG et l’IBS. Selon les chiffres officiels des milliards de dollars de fiscalité que l’Etat n’arrive pas à recouvrer. Donc sur le plan des recettes, y compris la fiscalité pétrolière où il y a encore des mesures à prendre, l’Algérie dispose encore d’un volant. Il y a ensuite des économies internes à faire sur les dépenses.

 Les budgets exponentiels de l’armée et des corps de sécurité ?

 Chaque secteur doit avoir son plan d’économie. Il faut voir quels sont les besoins. En matière de défense, de sécurité, les besoins sont indéniables. Peut être qu’il y a des choses à revoir mais comme on le constate la situation dans la région n’est pas du tout réjouissante. C’est aussi valable pour les autres secteurs et sphères de besoin. Des études sérieuses doivent être engagées pour voir les niveaux incompressibles de besoins pour rationaliser les dépenses mais reste que la meilleure façon de gérer les équilibres est de produire. 

Pourquoi justement cette fixation sur les transferts sociaux alors que des niches où peuvent s’opérer les coupes sont nombreuses ? 

Effectivement. Il ne s’agit pas d’appréhender la question avec une lorgnette comptable. Encore une fois, il faudrait rappeler l’impératif de la redistribution. Quand on a les plus bas salaires de toute la région, il faudrait bien compenser. D’autre part, ces transferts servent à animer un marché intérieur d’abord profitable à ceux qui y trouvent des débouchés.

Tous ceux qui sont dans l’agroalimentaire par exemple sont contents de voir leurs produits subventionnés. Bien sur qu’on peut revoir certains produits comme l’énergie sans pousser pour autant vers la précarité énergétique. Car pousser certaines catégories de la population à la précarité énergétique, c’est aussi les pousser à pirater l’énergie. Le peuple algérien a son mot à dire et il est là au moment où il faudra faire des sacrifices : il l’a déjà démontré par le passé. Des sacrifices, il en a fait pendant toute son histoire et peut encore en faire s’il constate que c’est réparti de manière juste et équitable et que la perspective qui lui a été indiquée le mobilise. 

Une dernière question. La chute des productions des hydrocarbures va en s’accentuant depuis 4 ans. Le peak-oil atteint du temps de l’ancien ministre de l’énergie, Chakib Khelil, a-t-il a été fatal pour nos gisements ou au contraire, cela a-t-il permis à l’Algérie d’engranger plus de recettes dès lors que les hydrocarbures étaient vendues à l’orée de la conjoncture de pétrole cher ? 

Non. Nous n’avions pas de raisons de surexploiter nos gisements. La chute de la production en fait s’est amorcée fin 2005, début 2006. Le P-dg de la Sonatrach vient d’annoncer une remontée pour 2016 des volumes de production. Dans la loi sur les hydrocarbures, il est fait état de ce principe de préservation des gisements et de rechercher le taux ultime de récupération. A Hassi Messaoud, nous avons actuellement un taux de récupération de 25 %. C’est peu. Les experts disent que si ce taux augmente de 1 %, cela équivaudrait à la découverte d’un champ avec un réservoir très important. Nous avons du potentiel. Le problème est au niveau des techniques de récupération et d’une saine exploitation des ressources. Idem pour le gaz. Nos gisements, fatigués et atteints certes, n’ont toutefois pas dit leur dernier mot. Le potentiel existe que ce soit à Hassi Berkine ou dans le Sud-ouest.

 Cette notion de peak-oil, bien que je ne sois pas expert, je m’en méfie. Dire que nous avons atteint le seuil maximal d’exploitation, que nous sommes dans la phase de déclin, d’assèchement des gisements, c’est, à mon avis, vite tirer un trait sur la dynamique des technologies à l’œuvre dans ces métiers qui évoluent très vite. 

Mais qu’il soit question de pétrole ou de moyens financiers, il faut sortir du raisonnement en termes d’ajustements conjoncturels. La véritable question fondamentale est celle de la vision du développement durable de notre pays. Il est beaucoup et surtout question, aujourd’hui, d’équilibres macro-économiques. L’argent, dit-on, à juste titre, est le nerf de la guerre. Celle pour sortir du sous-développement ne fait pas exception. La question du financement a toujours été la question-clé du développement économique. Mais on sait qu’elle n’épuise pas toute la problématique. D’autres conditions sont à réunir. Une vision de long terme qui traduise l’ambition de construire une économie productive performante, des institutions solides et compétentes dans le rôle de vecteur de cette ambition, un Etat garant des priorités productives et environnementales, des acteurs efficaces et engagés parce qu’impliqués, des organes de contrôle indépendants et représentatifs, un climat politique et social de mobilisation démocratique pour le développement national. 

Il faut réinjecter de l’espoir. Car parmi les effets néfastes de notre époque contemporaine, il y a cette idée de la défaite que les puissants veulent inculquer, la fatalité du there is no alternative, il n’y a pas d’alternative. Le défaitisme, c’est le discours des couches affairistes parasitaires qui veulent à tout prix défendre leur pré carré, préserver leurs privilèges, fermer la voie à toute alternative de développement authentique et de progrès pour notre pays. 

Abdelatif Rebah 

1 In La prise de contrôle de Skoda par Volkswagen. Le retour obligé, accepté mais problématique de Frédérick Taylor, Revue Gérer et comprendre, décembre 1993, n° 33 pp. 75 à 81.

2 Proclamation du 1er novembre 1954, Plateforme de la Soummam de 1956, Programme de Tripoli de Juin 1962

3 Union générale des étudiants musulmans algériens

4 Cf. Guy Pervillé, Les étudiants algériens de l’université française, 1888-1962, éditions Casbah

 

 

 

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